Introduction – Le Silence des Ghost Bikes
Bonjour tout le monde,
Cela fait longtemps que je souhaitais aborder le sujet des vélos blancs et leur symbolique. et il y a quelques jours, j’ai filmé cette scène.
C’est donc de ça que je vais vous parler : ces vélos blancs, pourquoi ils se retrouvent à ces endroits précis et comment nous pourrions agir pour en limiter le nombre.
2. Origine et Signification des Ghost Bikes
Pour revenir à l’origine, la première fois que j’en ai croisé un, c’était à New York, il y a 4 ans. et ca m’avais vraiment marqué un vélo blanc, silencieux et immobile, face à au mouvement constant du trafic urbain.
Et comme un rappel, un peu plus loin, un autre vélo sur cette même piste, qui traverse New York du nord au sud, est visible. Ces vélos ne sont pas là par hasard.
On les appelle « Ghost Bikes » ou « White Cycles ». Ils sont très facilement identifiables : peints en blanc et souvent accompagnés d’une petite pancarte qui rappelle leur signification. Ces vélos marquent l’endroit où un cycliste a perdu la vie.
En octobre 2003, à Saint-Louis, Patrick Van Der Tuin a été témoin d’un accident où un automobiliste a percuté un cycliste sur une bande cyclable du boulevard Holly Hills. Bien que cet accident n’ait pas été mortel, il a profondément marqué Patrick et éveillé sa prise de conscience sur la vulnérabilité des cyclistes. Inspiré par cette tragédie, et par l’héritage néerlandais de son nom, dans un pays où le vélo fait partie de la culture, Patrick a décidé de passer à l’action. Il a installé 15 vélos volontairement déformés et peints en blanc à des endroits où des cyclistes avaient perdu la vie. Ces mémoriaux silencieux, souvent accompagnés du message « Cycliste heurté ici », symbolisent la tragédie et sensibilisent les passants aux dangers auxquels les cyclistes font face.
Depuis ce premier hommage, le mouvement s’est étendu partout dans le monde une carte permet d’en avoir une cartographie complète et de contribuer en ajoutant ceux que l’on croise pour avoir plus d’information sur la personne a lequel elle rend hommage car ce vélo ne disposent pas toujours d’une plaque comme celui présenté en début de vidéo ce qui complexifie la compréhension de ce symbole
3. Le Vélo Blanc : Un Acte Militant
Ils ont avant tout une portée militante et si vous posiez la question ce ne sont pas les vélos des victimes car se vélos sont généralement gardés par la police dans le cadre de l’affaire c’est donc un autre vélo généralement proche de celui de la victime qui est choisi avec l’accord de la famille. J’ai pu assisté à plusieurs hommage de ses, notamment sur la place de Montreuil, le pont de Sully, et plus récemment proche des Champs-Élysées. Dans chacun de ses cas, la victime était une femme.
Car paradoxalement, les femmes respectant davantage les aménagements et les règles de la route, sont exposées à des situations dangereuses. Par exemple, démarrer en même temps qu’un conducteur d’un gros véhicule qui vas tourner à un carrefour et devenir un piège mortel
J’ai pu échanger avec une association porte parole de ses femmes
et depuis l’installation de ces vélos blancs, seuls quelques aménagements ont été mis en place pour améliorer la sécurité. Prenons l’exemple de la place de Montreuil : l’aménagement temporaire de cet espace avait une signalisation confuse, en particulier pour les feux. La cycliste décédée à cet endroit a perdu la vie en partie parce que l’aménagement cyclable n’offrait pas une alternative suffisamment sécurisée et attrayante par rapport à la chaussée.
Il faut garder à l’esprit que l’enjeu est de rendre les aménagements cyclables toujours plus sûrs et attrayants pour encourager leur usage.
Les accidents, et surtout les signalements qui les précèdent souvent, devraient immédiatement conduire à la mise en place d’aménagements cyclables temporaires sécurisés. Cela permettrait de garantir, au moins à court terme, une sécurité minimale en attendant des projets plus ambitieux.
Un bon exemple est le pont de Sully, où des ponts ont été installés provisoirement pour sécuriser les cyclistes. À Marseille, où j’ai réalisé un sujet, ou à Rennes, de nouveaux aménagements sécurisants ont vu le jour pour mieux protéger les usagers.
Et malheureusement comme illustré au début de la vidéo la depuis
C’est une bonne nouvelle, mais cela montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour répondre à l’urgence de ces situations.
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Je précise également qu’il n’y aura pas de vélo blanc pour rendre hommage à Paul ce cyliste tué par le conducteur d’un SUV proche de la place de la madelein, car ces vélos sont avant tout là pour dénoncer des accidents liés à un manque d’aménagement. Or, Paul a été victime d’un meurtre.
5. Pourquoi Ces Morts Sont-elles Évitables ?
Les villes ont également un rôle crucial à jouer dans la lutte contre les dangers pour les cyclistes. Pour cela, elles doivent prendre sérieusement en compte les signalements des usagers. Aujourd’hui, certaines applications permettent de faire remonter ces informations, mais les municipalités doivent aussi écouter les signalements individuels et les lanceurs d’alerte.
Un exemple marquant : lors d’une visite à Bordeaux, j’ai observé une intersection où un aménagement sécurisé avait été remplacé par une simple bande de peinture. Le 12 avril 2024, j’ai documenté cette situation. Malheureusement, trois mois plus tard, le 8 juin 2024, une cycliste de 30 ans a perdu la vie à cet endroit.
Si la ville avait pris le temps d’installer un aménagement temporaire, comme des plots ou des séparateurs physiques, ce drame aurait peut-être pu être évité.
Un vélo blanc a depuis été installé sur cette intersection pour rappeler le danger qu’elle représente. Mais il ne faut pas attendre qu’un drame survienne pour agir. Les villes doivent se mobiliser en amont pour prévenir ces tragédies.
Conseils pour circuler en attendant des aménagements sécurisés
Pour les cyclistes :
- Lors de la traversée d’un carrefour, placez-vous toujours derrière un véhicule, jamais à côté.
- Positionnez-vous bien au centre de la chaussée pour limiter les risques de dépassement dangereux.
- En cas de virage à gauche, privilégiez un passage par la droite, quitte à attendre deux fois pour traverser en toute sécurité.
Pour les automobilistes :
- Ne dépassez jamais un cycliste dans une intersection.
- Laissez une distance de sécurité suffisante au cas où le cycliste n’indiquait pas clairement sa direction, afin de limiter les risques de collision.
Idéalement, ces conflits de trajectoire ne devraient pas exister. Sur les grands axes, il faut éviter de mélanger les flux de circulation et favoriser des aménagements sécurisés qui séparent clairement les cyclistes des véhicules motorisés.
À propos des automobilistes
Il existe également des initiatives similaires pour sensibiliser les automobilistes. En faisant ce sujet je me suis rappelé d’un souvenir d’enfance marquant quand avec mes grand parents on prenait la route dans les HAUTS DE LOIRE on devait prendre une route qu’on appelais la route de la mort.. Cette route était si dangereuse qu’on pouvait compter, au bord, des silhouettes représentant chaque personne décédée à cet endroit. Un hommage glaçant.
Ces silhouettes avaient été installées par la sécurité routière pour rappeler les dangers des routes accidentogènes. Cependant, elles ont été retirées lors de la réfection de la route, notamment lorsqu’une voie centrale a été condamnée sur certains axes pour réduire les face-à-face mortels.
Des solutions pour des routes plus sûres
Des initiatives commencent à voir le jour pour améliorer les infrastructures et réduire les risques :
- Séparateurs rugueux : ces bandes sonores signalent un changement de voie et aident les conducteurs à rester vigilants.
- Renforcement des bas-côtés avec glissières de sécurité : bien que efficaces pour limiter les sorties de route, elles sont critiquées par les motards, qui les surnomment « guillotines à motards » lorsqu’elles ne sont pas doublées.
D’autres mesures, comme la sensibilisation via des radars ou des panneaux signalant les dangers, ont également été mises en place.
Cependant, les solutions véritablement efficaces, comme la réduction de la vitesse ou des alternatives à la voiture, ne sont pas systématiquement adoptées pour sécuriser les déplacements des cyclistes.
Le cas des routes départementales
Un exemple marquant est celui d’une départementale où un cycliste, connu sous le surnom de « l’homme en bleu », circulait régulièrement. Cette route a récemment été repassée à 90 km/h au lieu de 80, sans qu’aucune amélioration pour les cyclistes n’ait été envisagée. Pourtant, comme l’a souligné Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), la condition pour repasser à 90 km/h était de proposer des alternatives sécurisées, ce qui n’a pas été fait.
Le vélo en milieu rural : une solution souvent sous-estimée
Certains diront : « À la campagne, on n’a pas besoin de vélo. » Détrompez-vous ! En milieu rural, environ 33 % des trajets domicile-travail font moins de 5 km. Le vélo est une solution parfaitement adaptée pour ces courtes distances.
Cependant, faute de transports en commun adaptés ou d’infrastructures sécurisées, les habitants se tournent souvent vers la voiture, même pour les petits trajets. Cela aggrave le danger sur les routes, car plus il y a de véhicules, plus elles deviennent accidentogènes.
Il est essentiel de considérer le vélo comme une option complémentaire, non pas une solution universelle, mais un moyen de déplacement à privilégier dès que cela est possible et sécurisé.
(→ Insérer une illustration d’une route départementale avec des infrastructures adaptées et non adaptées.)
Le Plan Vélo aurait dû inclure ces zones, où les cyclistes sont particulièrement vulnérables.
Ces vélos blancs sont là pour rappeler les dangers auxquels nous sommes confrontés au quotidien. Des dangers qui pourraient être réduits grâce à de meilleurs aménagements, protégeant tous les usagers de la route.
On peut toujours dire qu’il suffit de faire attention ou qu’en anticipant, on peut éviter les accidents, mais l’idéal reste de limiter au maximum ces situations à risque. En tant que citoyen, vous avez le pouvoir d’agir. Prenez le temps de signaler, via des applications ou directement auprès des associations, les lieux où vous vous êtes sentis en danger.
Je le rappelle souvent, mais pour avoir été témoin de nombreuses transformations suite à ces signalements, je ne peux que vous encourager à continuer. Ensemble, nous pouvons œuvrer pour une route plus sûre et partagée.
En attendant, restez vigilants lorsque vous apercevez un vélo blanc. Espérons qu’un jour, ils seront tous remplacés par des infrastructures qui garantiront une sécurité réelle pour chacun d’entre nous.