Bonjour tout le monde !
Cette semaine, en longeant le pourtour de Paris, un détail m’a stoppé net : une transformation urbaine tellement frappante que ma curiosité n’a pas pu résister.
J’ai pris le temps d’observer, de fouiller un peu, et… ce que j’ai découvert est bien plus qu’un simple aménagement. C’est un véritable tournant pour ce quartier, peut-être même un avant-goût de la direction que pourrait prendre Paris dans les années à venir.
Retour en arrière : un quartier enclavé
Pour répondre à ma première question et retracer l’historique de ce projet, il faut savoir que nous nous trouvons dans un quartier classé Zone de Sécurité Prioritaire depuis 2013, enclavé entre Bagnolet et Paris.
Malgré la proximité de grands équipements sportifs et l’arrivée du tramway en 2012, ce quartier est resté isolé, marqué par la présence du boulevard périphérique, qui le sépare physiquement et visuellement de ses voisins. Il est ainsi demeuré à l’écart des transformations qui ont touché les quartiers alentour.
Le projet mené ici est multiple : il ne se limite pas à la création d’un parc, mais vise la transformation de l’ensemble du quartier, avec pour ambition de le réintégrer avec son voisinage et de le moderniser. L’un des objectifs principaux est de valoriser les espaces publics en les rendant accessibles au plus grand nombre. Pour ce faire, il a été décidé de réutiliser les anciens aménagements sportifs vétustes, tout en conservant les autres équipements à proximité proposant les mêmes services, et en offrant des alternatives que je développerai plus loin.
Le projet vise également à sécuriser les déplacements, en repensant les différents accès et en simplifiant la traversée du quartier.
Enfin, il cherche à soutenir l’économie locale, en accompagnant en priorité les jeunes, afin de créer des opportunités et de faire de ce nouvel espace un lieu de rencontre, d’échange et d’entraide pour les habitants, dans l’un des quartiers les plus pauvres de Paris.
Voilà pour le projet, et voici à quoi il commence à ressembler.
https://mairie20.paris.fr/pages/reamenagement-de-python-duvernois-18519
Le parc : un cœur de quartier repensé
Ce qui est vraiment intéressant dans la transformation de ce quartier, c’est la manière dont l’espace est repensé. l’emplacement du parc a été pensé pour créer un cœur central calme, éloigné des nuisances du périphérique et du boulevard.
Il rend hommage à Aretha Franklin, icône de la soul et militante des droits civiques aux côtés de Martin Luther King, un symbole fort du rôle que ce parc joue dans le quartier. En ouvrant l’espace au public, il crée un lieu de rencontre et de diversité, devenant ainsi un véritable espace de détente avec de nombreuses installations : tables de ping-pong, terrains de foot et de baseball, aires de jeux pour enfants, et machines de sport adaptées à tous les âges. Cela m’a rappelé un parc que j’avais visité à Taïwan, où toutes les générations se croisent et partagent le même espace. L’idée est de recréer ici cette même dynamique.
Un point important : je me déplace souvent en vélo dans ce parc pour tester l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Dans l’ensemble, le parc est bien pensé, avec des pentes douces et des passerelles qui relient tous les accès. Il reste cependant quelques exceptions à corriger.
Ce parc représente aussi un luxe pour ceux qui n’ont pas la possibilité de partir en vacances. Il offre un petit coin de nature en ville. Beaucoup se moquent des Parisiens en disant que la nature est à la campagne, mais pourquoi refuser cette nature quand elle arrive en ville ?
Les espaces pour enfants sont de très bonne qualité, même si certains éléments nécessitent des ajustements : sièges de balançoires manquants, structures déjà abîmées, ou un distributeur de ballons vandalisé près du terrain de foot. C’est triste de voir des installations endommagées, car cela nuit à la qualité de vie de tous.
Pour renforcer l’esprit collectif, 750 m² de jardins partagés et d’espaces associatifs sont prévus. Ces espaces permettent au parc de devenir plus qu’un simple lieu que l’on traverse : une véritable extension de son domicile, à entretenir et à s’approprier. C’est un concept que j’ai beaucoup observé lors de mon récent voyage aux Pays-Bas : des bancs dans les rues, des fleurs devant les maisons, et des espaces publics apaisés où les habitants se sentent vraiment chez eux. Je ferai prochainement une vidéo complète pour montrer comment l’urbanisme peut transformer la vie des quartiers et encourager l’appropriation des lieux par les habitants.
C’est un levier indispensable pour faire évoluer la société et améliorer la qualité de vie, un levier que vous pouvez également actionner en cliquant sur le bouton s’abonner, pour ne pas manquer ce sujet. Actuellement, plus de la moitié des spectateurs ne sont pas abonnés,Actuellement, plus de la moitié des personnes qui regardent ses vidéos ne sont pas abonnées. Cette petite action permettrait de dépasser les 100 000 abonnés, un cap important pour la visibilité et pour contribuer à porter ses idées. . Un grand merci à celles et ceux qui prendront le temps de le faire, pour rester informés des nouvelles vidéos publiées chaque semaine.
Et toujours dans le cadre de l’engagement, ce projet met également l’accent sur la participation citoyenne. Un “avis citoyen” a été co-rédigé avec les habitants et affiché de manière visible dans le quartier. Des ateliers et événements sportifs, comme « Louis Lumière Plage », permettent de créer de vrais liens sociaux entre enfants, parents et habitants.
https://cdn.paris.fr/paris/2020/12/07/249af72f73c51d2e6edd057e7c83b69a.pdf
https://www.paris.fr/pages/python-duvernois-20e-2420#l-historique-du-projet
https://www.paris.fr/pages/le-parc-aretha-franklin-l-atout-vert-de-la-zac-python-duvernois-20e-28448
https://www.lebonbon.fr/paris/news/nouveau-parc-30-000-m-20e
Un écosystème pensé pour durer
En plus de ses espaces de vie, le parc propose un véritable écosystème bien pensé. Tout au long du parc, on peut observer de petites noues intégrées au paysage et qui va en direction d’un bassin conçu pour accueillir l’eau de pluie en cas de fortes précipitations.
Ce réservoir permet d’éviter que l’eau de pluie ne se déverse directement dans les égouts, réduisant ainsi localement les risques d’inondation. Les roseaux et autres plantes aquatiques jouent ici un rôle clé en filtrant l’eau et en contribuant à son équilibre chimique.
On trouve notamment :
Les plantes hélophytes, comme la menthe d’eau, qui vivent dans 20 cm d’eau et aident à dépolluer l’eau.
Les plantes de berges, comme les carex, iris ou joncs (les belles quenouilles), qui tolèrent des inondations ponctuelles et offrent un abri aux batraciens et aux oiseaux aquatiques, comme les poules d’eau et les canards colverts.
On peut également observer de nombreuses libellules, un excellent signe, car elles sont de redoutables prédatrices de moustiques. Le parc a aussi été conçu pour limiter l’eau stagnante, ce qui réduit également les foyers de moustiques. Des bulleurs en fond de bassin apportent de l’oxygène, permettant potentiellement l’introduction de poissons à l’avenir. Cela pourrait à terme attirer des prédateurs naturels, tels que des hérons, et renforcer l’équilibre de cet écosystème.
Désenclaver pour mieux vivre
Ça, c’est pour le projet. Mais dans ce quartier, il reste encore énormément à faire, car ce n’est ici que le début d’une transformation beaucoup plus profonde. « Désenclaver » ce quartier veut également dire revoir les différentes liaisons, notamment vers la Porte de Bagnolet. Une passerelle au-dessus du périphérique est prévue pour une meilleure connexion avec une partie de Bagnolet, et une extension de Montreuil est envisagée pour les mobilités actives.
Au-delà d’encourager ses déplacements actifs, il y a également la volonté de rendre le quartier vivant, ce qui permet de diminuer le besoin de certains trajets en rapprochant les lieux de vie. Les bâtiments visent à recréer une véritable vie de quartier, avec des commerces en rez-de-chaussée pour attirer des habitants extérieurs, une crèche et une maison de santé. Un potentiel largement sous-estimé et rarement exploité a ici été mis en valeur : les toits !
À Paris, nos toits haussmanniens ont beaucoup de mal à évoluer, notamment à cause du patrimoine historique et des avis des Architectes des Bâtiments de France (ABF). Attention, je ne dis pas que protéger le patrimoine soit une mauvaise chose, mais cela oblige parfois à mettre de côté certaines solutions sans vraiment les explorer. Il serait intéressant de réfléchir au potentiel qu’offrent ces espaces, en leur donnant d’autres fonctions que simplement protéger de la pluie ou du soleil.
À ce sujet, je vous renvoie à l’excellent livre Rooftop Catalogue, que j’ai découvert à Rotterdam, qui liste des solutions pour utiliser ces espaces. À Rotterdam, il est estimé que 18,5 km² de toiture peuvent être exploités, pour créer une zone végétalisée, installer des panneaux solaires, cultiver en serre, accueillir des abeilles, des parcs, ou même des équipements sportifs et je vous parle de ca car ce projet a justement prévu ce type d’aménagement, avec des terrains de tennis et de sport sur les toits, dans Une tour dédiée au sport qui viens prendre l’héritage ce cet ancien strade ainsi que des arbres, en espérant que ca ne soit pas juste un projet théorique mais une initiative réaliste pouvant inspirer de futurs projets parisiens.
Les bonnes idées ne s’arrêtent pas là. Plutôt que de tout démolir, une approche progressive a été adoptée. La barre de la rue Hantir Duvernoi (du n°2 au n°10) sera conservée et rénovée. Les tours alentours seront réhabilitées, tandis que certaines seront démolies pour ouvrir le quartier sur le parc, créer de nouvelles traversées et accueillir de nouveaux logements. La moitié des 630 logements, les plus exposés au bruit et à la pollution, seront démolis tandis que 150 nouveaux logements sociaux et 300 logements privés sortiront de terre.
Le projet a également été pensé pour préserver les arbres existants, plutôt que de tout couper et replanter. Cette intégration des êtres vivants dans un projet de rénovation est suffisamment rare pour être soulignée.
Les voies autour du quartier seront apaisées, avec un trafic limité et des espaces piétonniers, l’accès motorisé n’étant autorisé qu’aux personnes qui en ont réellement besoin. Le boulevard des Maréchaux à proximité assure déjà le trafic de transit.
Un point encore manquant est le maillage avec la banlieue : une passerelle aurait permis de traverser le bloc et de faciliter les déplacements à pied ou à vélo. Les habitants et certaines associations locales avaient soutenu ce projet, mais il n’a pas pu aboutir, faute de volonté de la commune et de coordination avec Bagnolet. Cela montre que la mobilité active n’est pas encore suffisamment valorisée et que certains projets peuvent provoquer un enclavement ou des détours inutiles.
Il est donc capital de garder à l’esprit qu’un piéton devrait pouvoir se déplacer plus rapidement qu’un véhicule motorisé dans un tissu urbain dense pour les petites distance, ce qui n’est souvent pas le cas. Ces réaménagements, pensés pour repenser le quartier de façon cohérente, visent à le désenclaver au maximum, ce qui constitue une initiative très positive.
https://filedrop.devlibre.net/centre-logistique-Bagnolet.pdf
https://rotterdamsedakendagen.nl/app/uploads/2025/05/Rooftop-Catalogue.pdf
https://www.change.org/p/pour-la-passerelle-bagnolet-paris?source_location=search
https://www.tilt.fr/articles/face-au-changement-climatique-sadapter-ou-attenuer
Conclusion – Un projet prometteur, mais encore en devenir
Ce projet illustre comment on peut repenser un quartier pour répondre aux enjeux actuels : réduire les émissions locales et atténuer leur impact, limiter les déplacements motorisés non indispensables, créer des espaces agréables et adapter l’environnement proche de chez soi pour offrir un lieu de vie plus frais et plus confortable (brumisateur). Cela permet une meilleure adaptation face aux enjeux climatiques, un élément central dans le débat sur la ville du futur et sur la manière de la rendre plus vivable.
Dans le contexte actuel de chaleur urbaine, au moment où j’écris ces lignes, ces îlots de fraîcheur constituent de véritables bénédictions pour les habitants dans des milieux urbains denses comme Paris.
Ce n’est que le début d’une transformation plus large : repenser chaque espace pour en tirer son plein potentiel, afin que les habitants puissent pleinement l’utiliser et continuer à vivre dans ces villes. Car si nous ne faisons pas évoluer nos villes, si nous ne faisons pas de place à la nature, si nous ne poursuivons pas les efforts pour améliorer les connexions avec les quartiers voisins et favoriser l’appropriation citoyenne, les villes deviendront rapidement invivables.
J’espère que les collectivités porteront davantage de ces projets, et que les citoyens continueront à jouer un rôle clé : accompagner les décisions, exercer une pression constructive et participer activement à la transformation des espaces pour qu’ils restent vivables et transmettent un héritage durable aux générations futures.