Bonjour à tous !
Suite au reportage de TF1 sur les conflits entre usagers de la route, je me suis intéressé à un passage où l’on suit une policière du 13ᵉ arrondissement de Paris.
On y découvre plusieurs situations de tension, et même un accident.
Et en me rendant sur place pour les observer de plus près, j’ai voulu comprendre leurs causes et voir s’il serait possible de réduire ces conflits et ces dangers.
C’est justement ce que je vous propose d’analyser dans cette vidéo.
STRATION F
La première scène présente un accident tout récent, survenu à côté de Station F, exactement à cet endroit, entre un conducteur de camion et une cycliste.
Un accident malheureusement très courant : un conducteur distrait tourne sans voir le cycliste. Heureusement, cette fois-ci, il n’y a pas eu de blessure grave.
Juste après, la séquence enchaîne avec une policière qui sermonne un cycliste ayant grillé un feu rouge — manière de rappeler que les comportements irresponsables sont partagés entre usagers.
Mais si l’on prend le temps de s’intéresser à cette scène en particulier, elle regorge d’éléments intéressants.
D’abord, on se focalise uniquement sur l’infraction du cycliste. Pourtant, au même moment, plusieurs automobilistes commettent eux aussi une infraction : ils sont engagés dans l’intersection et bloquent le passage. Ironie du sort, c’est leur présence qui protège le traverser du cycliste, puisque aucun véhicule venant à la perpendiculaire ne peut s’engager à cause de cette obstruction.
Évidemment, cela ne justifie pas le fait de passer au rouge et j’y reviendrai.
Deuxième point : on voit le cycliste faire une manœuvre d’évitement pour rejoindre la voie générale, au lieu de rester sur la piste cyclable. Et ça, c’est un vrai problème de sécurité.
Ce genre de situation est récurrent lors d’interventions : on pense rarement à éviter le sur-accident. Déplacer les véhicules là où ils ne représentent pas de danger, ou mettre en place un couloir sécurisé, devrait être une bonne pratique.
Car ces événements perturbent la vigilance des usagers — et parfois, la curiosité morbide pousse certains à faire de mauvais choix.
Dans ce reportage, on remarque à plusieurs reprises que lorsque la police s’arrête, c’est souvent sur les aménagements cyclables, alors qu’elle pourrait le faire sur la voie de circulation générale. D’ailleurs, elle y parvient très bien lorsqu’il n’y a pas de piste cyclable.
Un détail, certes, mais un détail qui fait la différence entre un stationnement gênant et un stationnement dangereux.
Et pour revenir à ce moment où la policière demande au cycliste de respecter le feu… eh bien, ce feu n’existe pas pour lui.
À cet endroit précis, il y a bien un feu à gauche pour les véhicules motorisés, mais aucun feu à droite pour les cyclistes.
Pour ceux qui ont vu mon précédent sujet, j’expliquais en détail ce problème : n’hésitez pas à le voir ou le revoir pour mieux comprendre cette réglementation très particulière.
Et pour ceux qui découvrent la chaîne, pensez à vous abonner : ça permet de donner de la visibilité à ce contenu, qui cherche à améliorer la sécurité de tous les usagers.
En résumé :
➡️ Vous n’êtes soumis à un feu que s’il existe à droite de votre couloir de circulation.
➡️ S’il n’y a pas de feu, mais que l’aménagement cyclable longe un passage piéton équipé d’un feu, alors les cyclistes doivent respecter ce feu, même sans signal spécifique.
Ce manque de clarté et d’homogénéité dans les intersections rend leur respect beaucoup plus difficile.
Et sans remettre en cause le travail de la policière, un focus sur ce point aurait permis de montrer au grand public certaines incohérences d’aménagement.
Surtout, insister sur le fait de « ne pas passer au rouge » risque presque de faire oublier l’essentiel : l’accident montré au début a eu lieu alors que la cycliste était passée au feu vert, percutée par un conducteur qui n’avait pas fait ses contrôles en tournant.
Et maintenant qu’on a fait le point là-dessus, voyons plusieurs solutions possibles pour éviter que cette situation ne se reproduise :
1️⃣Une option, ce serait d’éviter que les usagers se croisent en installant un feu indépendant pour les cyclistes et les automobilistes.
Depuis la suppression du stationnement à cet endroit, il est possible de créer deux voies :
- une pour aller tout droit,
- une pour tourner à droite Le feu pour tourner à droite ne s’allument que lorsque le feu vélo est rouge, évitant ainsi tout croisement de trajectoire.
2️⃣ Une autre option sans toucher au feu serait d’ajouter un îlot juste après le passage piéton, comme sur le carrefour précédent.
Cet îlot obligerait les conducteurs à tourner plus serré et plus lentement, améliorant leur vision directe et réduisant les angles morts.
C’est d’ailleurs une conception appliquée systématiquement aux Pays-Bas, alors qu’en France, les séparateurs s’arrêtent juste avant l’intersection, laissant les conducteurs tourner rapidement, souvent avec des conséquences dramatiques.
exactement comme j’ai pu le constater, quelques mètres plus loin.
3️⃣ Enfin, une solution plus simple serait d’interdire le tourne-à-droite à ce carrefour ce qui encourage les conducteurs à le faire a l’intersection en amont pour aller rejoindre station F par son autre accès plus au sud.
Et comme présenté plus tôt sur l’interaction en amont, l’îlot y existe déjà pour compléter la lisibilité il faudrait ajouter un feu légèrement décalé pour les cycles.
Pas mal d’élément finalement manquant à cet aménagement qui a été faire récemment et j’ai dailleur pu voir que de faucon surprenant même si le feu cycle a été oublié le feu piéton lui a été déplacé plus proche de l’interaction comme s’il s’était rendu compte qu’un truc clochait sans réussi a mettre le doigts dessus, si seulement tous les émargements pouvais bénéficier d’une cohérence mais bon ici ce n’est qu’une mise en bouche parce que l’on passe à la place d’italie
PLACE D’ITALIE
Dans cette suite, ce qui est intéressant ici c’est les conflits piétons-cyclistes. Pour vous rendre compte du problème, je vous propose de me suivre pour faire un tour de cette place à vélo.
En partant d’une zone problématique, je traverse ici, puis je suis obligé de monter sur un trottoir pour partager l’espace avec les piétons. Idéalement, la continuité cyclable devrait être fluide, mais ici, je dois tourner, passer par une zone piétonne, puis revenir sur le trottoir initial. Chaque traversée crée un risque de conflit avec les piétons, qui ne comprennent pas forcément pourquoi un cycliste doit circuler à cet endroit.
Sans parler que cette solution n’est pas idéale pour les cyclistes : on voit vraiment que c’est un aménagement bricolé. Vu du ciel, ça ressemble à un patchwork, et parfois les cyclistes doivent circuler à gauche au lieu de rester à droite. Certains passages n’ont pas été prévus : par exemple, en l’absence de panonceau M12, je ne peux pas traverser pour tourner à gauche, alors que c’est le moment le moins dangereux pour le faire.
Si l’on souhaite faire le tour complet de cette place, on compte 19 zones de conflit avec les piétons. Autant d’interactions et de problèmes qui auraient pu être évités en repensant plus profondément l’aménagement et l’emplacement de cette infrastructure.
Cela donne ce genre de situations : piétons sur les aménagements cyclables, bandes blanches qui empêchent de rejoindre la piste cyclable… je ne peux simplement pas rejoindre la piste cyclable qui est à gauche car il y a une ligne blanche continue… il n’y a pas non plus de m12 qui me permettra de le faire au moment ou les bus qui arrive en face sont arrété
Le principe de base pour limiter ces conflits, c’est de laisser la voie de circulation à l’intérieur de l’anneau, de façon à ce que le passage piétons ne soit franchi que si l’on souhaite sortir de l’anneau ou y accéder.
Voici un exemple de ce à quoi pourrait ressembler un réaménagement : l’aménagement cyclable est placé sur le pourtour extérieur. Au lieu de 19 zones de conflit avec les piétons , il n’y en a plus que 4, clairement identifiées et matérialisées par des passages piétons. La continuité est claire et intuitive.
Cette configuration permet aussi de diminuer le risque de conflit avec les automobilistes, de 20 à 14 situations critiques. Réduire les conflits, c’est avant tout diminuer les occasions de confrontation. Multiplier les choix entre usagers augmente le risque d’accidents.
Un aménagement clair met en valeur les pistes cyclables et évite ce type de circulation dangereuse : se faufiler entre les bus n’est agréable ni pour les cyclistes, ni pour les automobilistes, ni pour les piétons.
Je ne base pas ce choix sur le hasard, mais sur ce qui a déjà été réalisé à cet endroit. Une première étape pourrait être de mettre en place ce que l’on appelle l’urbanisme tactique, comme on peut le voir à la Porte de Montreuil : une infrastructure évolutive, adaptée aux usages réels et améliorée progressivement. Entre théorie et pratique, il y a toujours un flottement lié au comportement des usagers, qui choisissent naturellement l’option la plus rapide.
En plus de cette transformation profonde, il faudra prévoir de nouveaux aménagements cyclables pour améliorer les liaisons et notamment résoudre le problème du manque de stationnement vélo. Dans certains cas, ce manque pousse les usagers à chercher une place sur le trottoir. Même si ce n’est pas interdit de pousser son vélo sur le trottoir, ce n’est pas idéal. Le mieux est d’avoir des stationnements cyclables situés à proximité des aménagements cyclables.
Ce besoin de stationnement est confirmé par des enquêtes, comme le baromètre associatif, qui montrent un manque important de places à cet endroit.
La bonne nouvelle, néanmoins, c’est que les choses s’améliorent près de cette place, avec des aménagements cyclables clairs qui permettent d’éviter les conflits, comme ici. Les vestiges du passé, comme certains passages piétons mal positionnés, sont progressivement supprimés, ce qui limite les zones de conflit.
À terme, il faudrait complètement supprimer la peinture cyclable sur les trottoirs et avoir des aménagements clairs car si l’on autorise ponctuellement un cycliste à rouler sur le trottoir ça envoie un mauvais signal.
Délits de fuite et plaques d’immatriculation pour les cyclistes
Indépendamment des aménagements, il y a une scène où une personne en trottinette semble commettre un délit de fuite. Certains avancent que les cyclistes ou les trottinettes n’ayant pas de plaque seraient « intouchables », et qu’une immatriculation pourrait réduire ces délits et améliorer le respect du code de la route.
Pour tester cette idée, on peut regarder concrètement : est-ce qu’une plaque sur un vélo ou une trottinette ferait réellement la différence ? De façon ironique, les deux usagers contrôlés dans cette scène ont déjà un numéro d’identification sur leur véhicule.
- Le Vélib’ a un identifiant visible avec son numéro unique qui permet d’identifier son conducteur.
- La trottinette contrôlée possède également un emplacement de plaque d’immatriculation ici c’est d’ailleurs quelque chose de très commun que l’on peut maintenant voir sur les trottinettes de location .
Et à ce moment-là en particulier la présence ou l’absence de plaque n’empêche en rien le contrôle par l’agent.
Et de manière générale cet argument de la plaque d’immatriculation ne réduit pas les infractions ni les délits de fuite ni n’empêche pas les comportements dangereux.
depuis 2010 les délits routier n’ont jamais été aussi haut et les délits de fuite n’on jamais diminuer étant maintenant sur la seconde place du podium
En résumé :
- La mise en place de plaques sur les vélos ne réduirait pas les délits de fuite.
- Elle n’encourage pas davantage le respect des règles au vu du comportement des autres usagers disposant déjà d’une plaque .
- Ne viendrais pas amélioré la sécuité des usager en diminuant le risque d’accidents.
- Cela viendrait surtout compliquer l’accès aux vélos comme mode de transport en alourdissant les démarches pour les usagers et augmenterait les coûts, parfois supérieurs au prix au mode de transport lui meme
C’est pourquoi, même si cette loi est proposée presque chaque année et discutée dans les médias comme un marronnier c’est systématiquement rejetée : car elle n’a aucun fondement pour améliorer la sécurité et si vous souhaitez aller plus loin je vous laisse voir ce sujet dédié ou j’abordai d’autre conséquence de ce choix en profondeur.
ehttps://www.barometre-velo.fr/2025/carte/#14.61/48.83262/2.35188
Vitesse et infractions : repenser la rue
Au niveau des infractions, notamment les excès de vitesse, c’est un vecteur important d’accidents et ces situations peuvent être l’occasion de repousser la réflexion sur la conception de la rue.
Ce qui est intéressant, c’est l’approche pédagogique utilisée dans le reportage : on suit d’abord un conducteur qui reçoit une amende, puis on explique immédiatement pourquoi cette sanction est importante.
Car oui, il y a une énorme différence entre 30 et 40 km/h :
La distance pour s’arrêter augmente considérablement.
Le risque de mortalité en cas d’accident grimpe fortement.
Dans le véhicule, cette différence est presque imperceptible pour le conducteur, mais sur la route et en cas de collision, l’impact est majeur. et c’est bien que le reportage ai pris le temps de le rappeler.
et avec cette situation une question que l’on peut aussi se poser c’est pourquoi ces infractions ont lieu à certains endroits et comment les éviter.
une réponse simple c’est que sur des boulevards la limite est passée de 50 à 30 km/h, sans aucun aménagement pour ralentir les véhicules : pas de piste cyclable nouvelle, pas de rétrécissement de voie, pas de chicanes, pas de ralentisseurs. Dans ce contexte, il est compréhensible que les conducteurs ne respectent pas la nouvelle limitation. Un simple panneau ne suffit pas ; il faut repenser profondément l’aménagement de la voie pour obtenir le respect de la vitesse.
Par exemple, à côté de l’école présentée dans le reportage, j’ai observé une rue réaménagée mais toujours très large, ce qui encourage les excès de vitesse. Cette rue est limitée à 20 km/h et comprend une zone piétonne, mais cette limite n’est quasiment jamais respectée et peut comme ici créer des situation accidentogène car des parents et enfants traversent il faut donc continuer ses effets pour garantir plus de sécurité aux usager en prenant parfois des décision forte comme une fermeture partielle d’une rue, ou des chicanes, ralenseieeur pour gareitir cette sécurité.
Et l’ensemble de ces situations rappelle que chaque conflit est la conséquence d’une cause plus profonde. Dans de très nombreux points que nous avons présentés, ces conflits auraient pu être évités si l’on avait pris le temps de s’attarder sur les causes et de comprendre les raisons de leurs conséquences.
Vouloir corriger les mauvais comportements uniquement par la sanction ne fonctionne que si celle-ci est permanente et répétée.
Or, il n’y aura jamais assez de policiers pour quadriller toute la ville et constater toutes les infractions. En revanche, le travail de terrain consistant à relever les infractions sur des lieux précis, comme ici, devrait justement être mieux valorisé. Cela permet de faire prendre conscience que ces infractions doivent être analysées attentivement et replacées dans une vision plus globale. Comme je le fais ici, prendre le temps de chercher des solutions permet d’éviter que ces situations ne se reproduisent.
Il faut faire remonter ces problèmes pour construire ensemble une route plus sûre, où l’accident n’est pas une banalité mais une exception que l’on doit marginaliser, afin que nous puissions circuler dans nos villes en toute sécurité.
Merci à celles et ceux qui soutiennent mon travail avec constance, par leurs dons, qui me permettent d’enquêter à plein temps et de réfléchir à ces solutions pour en échanger avec vous. Merci également aux relecteurs sur le Discord.
Il est temps pour moi de vous dire : à bientôt pour la prochaine vidéo, et bonne route !
SCENNE BUS ?