Démolir une autoroute pour redonner vie à une rivière ?

Bonjour tout le monde ! je vous emmène découvrir un endroit vraiment spécial. Cette rivière, avec sa faune, sa flore et son cadre idéal pour une promenade, a une histoire assez incroyable. En 2005, cet endroit n’était autre qu’une autoroute. Nous sommes en Corée, et voici la rivière Cheonggyecheon. Avant, ça ressemblait à ça… Et aujourd’hui, je vais prendre le temps de vous raconter cette transformation, pour qu’on puisse ensemble découvrir ce lieu unique.

LE CONTEXTE

Tout d’abord, pour remettre les choses en contexte, il faut que vous imaginez quelque chose que vous ne pourrez malheureusement pas ressentir à travers votre écrant : la température. Quand j’étais en Corée, il faisait jusqu’à 35°C, au point où des alertes étaient directement envoyées sur les téléphones pour conseiller aux gens de rester au frais chez eux !

Cette chaleur, dans un espace aussi urbanisé, c’est quelque chose de marquant. Nous sommes en plein centre de Séoul, entourée de routes et de bâtiments. Ça devient un véritable four, avec un taux d’humidité complètement absurde. L’air devient vite suffocant et c’est pébubke de s’y déplacé . On transpire, mais la sueur ne s’évapore pas, et on reste sous une chaleur écrasante. C’est à ce moment-là que chaque petit coin d’ombre, chaque zone fraîche devient une véritable bouffée d’air salvatrice. Et c’est justement à ce moment que j’ai compris l’importance d’un aménagement comme celui-ci. Après avoir traversé ce four qu’étaient les rues, dès qu’on s’approche de la rivière, on gagne rapidement une dizaine de degrés. L’espace est ombragé, c’est le premier point le plus marquant.

LE CALME

Le second aspect marquant de cet espace, c’est le calme. Le fait que la rivière soit située légèrement en contrebas, entourée de végétation, crée un véritable havre de paix. Ce calme, loin de l’agitation urbaine, est incroyable. Le bruit de la circulation est remplacé par le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes, et même parfois par la majesté d’un héron qui prend son envol juste devant les promeneurs, habitués à ce spectacle. C’est fascinant de voir une scène aussi apaisante, surtout lorsqu’on se rappelle qu’on est en plein centre d’une grande ville !

Et quand on parle de héron, on pense aussi aux poissons, aux canards qui nagent paisiblement le long des rives, et pas besoin de les imaginer on peut les voir tellement l’eau est cristalline ! L’écosystème qui s’est installé ici est vraiment diversifié : on y trouve des libellules, des criquets, et une biodiversité étonnante qui vient s’épanouire au cœur de la ville. Tout le long du parcours, des parcelles ont été laissées pour permettre à la nature de prendre ses droits, ce qui donne à cet endroit une ambiance résolument naturelle et rafraîchissante. C’est un vrai plaisir de voir cette nature s’installer dans un espace aussi urbanisé.

De petites zones ludiques ont également été aménagées, permettant aux visiteurs de traverser certains points de manière originale, sur des petites plateformes en pierre, ou même sur de petits ponts. Ces aménagements, loin de dénaturer le lieu, lui ajoutent une touche agréable et interactive, rendant chaque promenade encore plus plaisante.

Lutter contre les inondations

Il est difficile d’imaginer qu’avant, cet espace était complètement recouvert de béton et de routes, où les véhicules circulaient en permanence. Le seul vertige que l’on aurait pu y trouver, ce sont ces poteaux, que j’ai découverts plus tard sur Google Street View.

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Aujourd’hui, cette zone a été repensée pour gérer les eaux lors de fortes pluies. Des dispositifs ont été installés pour capter l’excès d’eau et éviter les inondations, tout en offrant des informations aux visiteurs pour qu’ils soient alertés en cas de conditions climatiques extrêmes. Cela permet de concilier urbanisme et gestion des risques environnementaux, un bel exemple de résilience urbaine.

La transformation 

Cet espace est désormais exclusivement réservé aux piétons. Les véhicules motorisés et les cyclistes y sont strictement interdits. Mais une question se pose : pourquoi ce projet a-t-il été lancé ? La route, auparavant en état désastreux, nécessitait une intervention. Deux choix s’offraient alors : la détruire ou la réparer. L’option de la détruire a finalement été choisie.

Cet investissement a rapidement porté ses fruits, en dynamisant les commerces locaux qui ont prospéré grâce à cette nouvelle zone d’attractivité. Cela a également permis une augmentation de la densité de logements et d’emplois.

Mais que devient le trafic et la pollution ? Eh bien, la pollution a été réduite de 35% dans la zone, et la gestion du trafic a été adaptée. En parallèle, le système de métro a été étendu, le service de bus a été amélioré et de récentes pistes cyclables ont été mises en place.

En plus de ça Séoul a été lancé en 2003 « Journée hebdomadaire sans voiture » pour encourager les habitants à réduire la circulation et la pollution en laissant leur voiture à la maison un jour de la semaine de leur choix. Cela faisait partie d’une série de politiques visant à gérer la demande de transport et à réduire la congestion.

Le programme offre des incitations pour encourager la participation, comme des réductions sur les taxes de congestion, les frais de stationnement, et même des primes d’assurance automobile.

Cependant, il existe des limitations, comme le fait que la participation reste volontaire, ce qui a entraîné une réduction moins importante de la circulation que prévu. Malgré ces défis, le programme a apporté des avantages financiers et environnementaux, et la ville continue de promouvoir cette initiative en offrant des incitations supplémentaires pour encourager la participation.

PISTES 

Des pistes cyclables ont été créées tout le long de la rivière. Elles sont encore très récentes, mais elles offrent déjà une agréable promenade. Enfin, tant qu’on roule et qu’on parvient à conserver un semblant d’air frais ! On peut vraiment apprécier de s’arrêter à l’ombre des arbres. Il faut tout de même souligner que ces aménagements cyclables sont assez rares en Corée, car la plupart du temps, il s’agit simplement de bandes de peinture. Mais ici, on a eu la chance d’avoir de véritables infrastructures !

En bref, les rares aménagements cyclables qu’on y trouve se situent généralement le long des cours d’eau, comme ici, ou dans des parcs. Le vélo y est encore souvent perçu comme un loisir, bien qu’il y ait des services de vélos en libre-service, ce qui est assez étonnant. C’est un début timide, un balbutiement en matière de cyclabilité, mais je vous réserve un sujet spécial sur cette ville, alors n’hésitez pas à vérifier pour ne pas le manquer quand il sortira !

Une autre bonne surprise que j’ai eue en roulant le long de ce canal, c’est de découvrir qu’ils ont aussi des zones piétonnes le dimanche, à la manière de Paris, où les véhicules motorisés sont interdits.

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https://www.c40.org/fr/case-studies/singapore-bio-engineering-works-at-bishan-ang-mo-kio-park-to-prevent-urban-flooding

Cette transformation que je vous détaille ici n’est pas un cas isolé. Plusieurs villes à travers le monde commencent à repenser l’espace urbain, en « débétumisant » certaines zones pour redonner de la place à la nature et lui permettre de lutter contre les effets du réchauffement climatique.

L’avantage écologique est indéniable : ces projets de réaménagement ont pour but de restaurer les écosystèmes locaux, de renforcer la biodiversité et de réduire les effets néfastes des grandes zones bétonnées. Par exemple, la transformation du parc Bishan-Ang Mo Kio à Singapour a permis de métamorphoser la rivière Kallang, autrefois un canal en béton, en un cours d’eau naturalisé. Cette initiative a non seulement permis de prévenir les inondations, mais aussi d’offrir de nouveaux espaces verts aux habitants, améliorant ainsi la qualité de vie en ville.

Sur le plan acoustique, la réduction de l’asphalte et la végétalisation des espaces urbains peuvent aussi avoir un impact positif. En remplaçant le béton par de la verdure, on crée des zones qui absorbent le bruit, rendant les environnements plus calmes et agréables à vivre.

Le point positif c’est que ses projets sont souvent  accompagnés par un fort engagement public et des recherches soutenues pour garantir leur efficacité à long terme. Cependant, ces transformations rencontrent parfois des obstacles institutionnels et de sensibilisation, notamment pour convaincre les autorités et la population des bénéfices à long terme. Mais les résultats sont là, avec des projets souvent récompensés pour leur impact environnemental et leur contribution à la résilience urbaine face aux enjeux climatiques.

Ce genre d’initiative pourrait devenir de plus en plus répandu à l’échelle mondiale, et c’est tant mieux pour l’environnement !

https://bruxellessecrete.com/projet-max-sur-senne-bruxelles

Le projet Max-sur-Senne, approuvé en décembre 2021, prévoit de remettre à ciel ouvert 650 mètres de la Senne, rivière voûtée sous Bruxelles depuis plus de 150 ans. Situé dans le parc Maximilien, ce projet de 25 millions d’euros s’inscrit dans le cadre du Contrat de Rénovation Urbaine Maximilien-Vergote et constitue le plus grand réaménagement du Quartier Nord depuis les années 1960.

L’objectif est de recréer un cours naturel, favorisant la biodiversité et les espaces récréatifs, tout en améliorant les infrastructures pour la mobilité douce. La ferme Maximilien sera déplacée à proximité des logements du Foyer Laekenois. Les travaux, prévus dès 2023, devraient s’achever en 2025.

https://www.valdemarne.fr/le-conseil-departemental/cadre-de-vie/favoriser-un-developpement-equilibre-du-territoire/reouverture-de-la-bievre

Le projet de réouverture de la Bièvre, une rivière autrefois recouverte à l’aval, vise à redonner un espace naturel au milieu urbain, en particulier dans les communes d’Arcueil et de Gentilly. La Bièvre, un affluent de la Seine, a été recouverte au XXe siècle en raison de la pollution industrielle. Depuis 2016, plusieurs tronçons ont été réouverts, avec des aménagements pour favoriser la biodiversité et la qualité de vie des riverains. Le projet a reçu des financements de diverses institutions, avec un budget de 10 millions d’euros pour le tronçon d’Arcueil et Gentilly. Il comprend la création d’un écosystème de faune et de flore, ainsi que des aménagements pour la gestion des crues. Ce projet de renaturation a été récompensé à plusieurs reprises pour ses efforts en matière de reconquête écologique.

Cette transformation que je vous détaille ici n’est pas un cas isolé. Plusieurs villes à travers le monde commencent à repenser l’espace urbain en « débituminant » certaines zones pour redonner de la place à la nature et lui permettre de lutter contre les effets du réchauffement climatique. Voici trois exemples marquants de ces initiatives :

  1. Le parc Bishan-Ang Mo Kio à Singapour : Ce projet a transformé la rivière Kallang, autrefois un canal bétonné, en un cours d’eau naturalisé. Cette initiative a non seulement permis de prévenir les inondations, mais elle a aussi créé des espaces verts pour les habitants. Ces projets de renaturation sont un modèle pour les villes confrontées aux défis du changement climatique. En réintégrant la nature en ville, on améliore la qualité de vie des citadins tout en renforçant la résilience de l’environnement urbain.
    1. https://www.youtube.com/watch?v=1HFm3J2iCZw&t=902s
    2. https://www.youtube.com/shorts/QEtLSB6D1J0
  2. Le projet Max-sur-Senne à Bruxelles : Approuvé en 2021, ce projet vise à redonner 650 mètres de la rivière Senne à ciel ouvert, après plus de 150 ans de canalisation. Situé dans le parc Maximilien, il permet de recréer un cours naturel pour favoriser la biodiversité, tout en offrant des espaces récréatifs et en améliorant les infrastructures pour la mobilité active. Ce projet illustre comment réintégrer la nature dans des zones urbaines densément peuplées tout en améliorant la qualité de vie et l’accessibilité des espaces verts pour les habitants.
  3. La réouverture de la Bièvre en Île-de-France : Ce projet, entamé en 2016, vise à redonner un espace naturel à la Bièvre, un affluent de la Seine, dans les communes d’Arcueil et de Gentilly. Une fois recouverte en raison de la pollution industrielle, la Bièvre est aujourd’hui réouverte par tronçons, créant ainsi des espaces pour la faune et la flore, tout en améliorant la gestion des crues et la qualité de vie des riverains. Ce projet montre comment la réouverture de rivières peut renforcer la biodiversité et offrir un environnement apaisant et utile pour les habitants des grandes agglomérations.
  4. https://www.facebook.com/watch/?v=5270967436299947

CONCLUSION

Ces transformations vertes et innovantes ouvrent la voie à un avenir mieux adapté à notre environnement. En libérant de l’espace pour la nature, nous favorisons son développement, rendant nos villes plus résilientes face aux effets du réchauffement climatique et atténuant localement les facteurs qui y contribuent.

 Vivre en harmonie avec notre environnement, c’est aussi comprendre que chaque espace vert est précieux, notamment dans les zones urbaines densément peuplées. Ces espaces, proches de chez nous, offrent une évasion immédiate, réduisent la nécessité de longs déplacements pour profiter de la nature, et jouent un rôle important dans la diminution de la pollution locale. Ils sont essentiels pour améliorer notre qualité de vie et offrir des zones de respiration dans notre quotidien.