Bonjour tout le monde ! En préparant un sujet, je suis tombé sur cette scène hallucinante. Au début, je n’ai pas bien compris ce qui se passait : pourquoi des automobilistes coupent cette ligne blanche ? Pourquoi ce bus n’avance pas et bloque la circulation ? Puis, je me suis rendu compte qu’il était bloqué. J’ai donc proposé mon aide au chauffeur, et ensemble, nous avons déplacé le mobilier urbain pour trouver une solution, car envoyer un bus dans les petites rues n’aurait pas été simple.
Ensuite, j’ai aidé à remettre la signalisation en place, car je voulais comprendre pourquoi tout le monde s’engouffrait là sans raison. Finalement, les choses se sont un peu améliorées.
Ayant trouvé la situation problématique, j’ai pris le temps de contacter les services de la ville pour leur signaler le problème, et on m’a répondu : « Ouais, on sait, les Parisiens font n’importe quoi. » OK, j’avoue que je ne m’attendais pas à cette réponse.
Et comme je suis un peu têtu, j’y suis retourné le lendemain, en direct – ah oui, à ce propos, c’est sur Twitch toutes les semaines, n’hésitez pas à suivre et à vérifier que vous êtes bien abonnés ici aussi ! Quand j’y suis retourné pour voir s’il y avait une évolution, ce que j’ai pu constater était… encore pire !
https://mairie12.paris.fr/pages/la-place-felix-eboue-une-nouvelle-place-pour-toutes-et-tous-24463
EFFET PSYCHOLOGIQUE
Tout le monde s’engouffre dans ce raccourci ! Avec l’aide de quelques résidents, et malgré les protestations de certains automobilistes, j’ai fini par remettre en place la signalisation et les poteaux… mais pour combien de temps ? Je vous propose de prendre un moment pour échanger autour de cette situation.
Alors, pourquoi je vous parle de tout ça ? Parce que je pense qu’il y a plusieurs leçons à en tirer.
Le biais du statu quo
Ce qui m’a le plus frappé ici, c’est le comportement des usagers, influencé par un biais psychologique connu : le biais du statu quo. Ce biais décrit la tendance des individus à préférer maintenir les choses comme elles sont, même lorsqu’un changement pourrait être bénéfique. Les gens ont une certaine inertie psychologique face aux habitudes établies, souvent renforcées par des facteurs sociaux, culturels ou organisationnels.
Dans ce cas, le fonctionnement du rond-point a été modifié par les travaux : au lieu de tourner autour de la fontaine, il faut désormais circuler en double sens. Bien que cette information soit indiquée à chaque entrée par des panneaux jaunes, le biais de statu quo pousse les automobilistes à circuler « comme avant, » sans tenir compte de la nouvelle signalisation.
L’effet Asch
En complément, on observe aussi ici l’effet Asch. Cet effet se manifeste lorsque des individus suivent la mauvaise direction parce qu’un groupe persiste dans son erreur, malgré des indices évidents. Chaque personne, sous l’influence de la pression sociale, préfère se conformer à l’opinion dominante plutôt que de se fier à ses propres perceptions, même si au fond elle sait que c’est incorrect.
Dans ce contexte, il est difficile de faire face à un groupe pour lui indiquer qu’il fait fausse route. Je me suis donc basé sur des faits et sur les éléments de signalisation en place pour rappeler individuellement aux usagers leur arrivée ici et montrer qu’il fallait faire attention à la signalisation, non aux autres automobilistes.
Affronter un groupe peut être intimidant, car la résistance peut être interprétée comme une menace à la cohésion du groupe. Suivre aveuglément un groupe peut rassurer, mais, sur la route, surtout lors de travaux, prenez vos décisions par vous-même. Ne vous fiez pas uniquement aux autres ou à votre GPS : regardez la signalisation !
Pourquoi agir ?
Maintenant qu’on a compris ces choix et prises de décision, vous vous demandez peut-être pourquoi j’ai décidé d’agir au lieu de rester simple témoin. C’est principalement pour des raisons de sécurité, et à plusieurs niveaux.
Dans un premier temps, j’ai agi pour aider le conducteur du bus. De nombreux passages étaient bloqués, et la circulation derrière était compliquée, ce qui ne plaisait à personne. La solution trouvée a été de déplacer temporairement la signalisation pour le laisser passer, avec l’aide du chauffeur, car le bus ne pouvait pas emprunter la rue voisine, ce qui l’aurait dévié de son itinéraire.
La seconde fois c’est pour faire face aux danger pour les piétons et cycliste, car le passage n’est plus géré par un feu tricolore le passage est étroit entouré de travaux et les conducteur traversent la zone rapidement. Par exemple, un automobiliste qui laisse passer les piétons dans une zone non sécurisée peut provoquer des situations dangereuses. Les travaux ici ont augmenté le transit dans un quartier qui n’est pas fait pour cela, et l’aménagement n’est pas encore terminé point qui avait également été souligné par BFM dans une configuration analogue
Un autre point c’est que si les usagers coupent ce raccourci ils arrivent directement sur une voie cyclable, ce qui ajoute aux risques pour les cyclistes.
Des habitants m’ont d’ailleurs remercié après avoir remis en place la signalisation, car cela a permis de rétablir un peu d’ordre.
Certains pourraient se dire que ce n’est pas notre responsabilité, que cela relève de la police ou des services municipaux. Mais je pense que si chacun de nous était un peu plus impliqué et responsable, nous aurions moins souvent besoin de services supplémentaires pour tout encadrer. Nous ne sommes plus des enfants !
Vous vous demandez peut-être si vous devez intervenir dans ce genre de situation.
De mon côté, j’ai choisi d’agir. Certes, je ne suis ni policier ni agent de la voirie, je suis un simple citoyen. Cependant si j’estime qu’une situation présente un danger, je peux et je me dois d’agir. Le code pénal comporte d’ailleurs plusieurs articles en ce sens, tels que l’Article 122-7 et l’Article 223-6.
Par contre, si quelqu’un, même après mes explications, décide de forcer le passage, c’est son choix. Je ne vais pas l’empêcher de passer. Je reste calme, je continue d’expliquer, je pose des questions, je cherche des solutions et je remets en place la signalisation pour mettre fin à la situation.
Cela dit, si vous ne connaissez pas les tenants et aboutissants de cette signalisation, il vaut mieux ne rien toucher.
Parfois, des plots sont installés pour préparer un chantier ou pour signaler un risque d’affaissement de la route, par exemple. Si vous percevez un danger immédiat, le mieux est de prévenir directement la police, qui vous orientera vers le bon service.
la bonne nouvelle c’est que le police municipale est de plus attentive à ses questions et fait beaucoup de communication en ce sens en ce moment faut battre le fer tant qu’il est chaud !
Il est également important de rappeler que le fait d’entraver ou de gêner la circulation est sanctionné, tout comme le fait de déplacer la signalisation pour prendre un raccourci.
Article 311-1 – Article L412-1
En l’absence de danger immédiat, vous pouvez signaler le problème via les services de la voirie ou utiliser l’application « Dans ma rue ».
https://twitter.com/raphaelsurcouf/status/1854253375682224579
https://twitter.com/BFMParis/status/1854038364011344275
CHANTER LES CHOSES
Il est aussi possible de se demander s’il n’est pas possible d’améliorer la signalisation et l’information pour les conducteurs. Par exemple, il serait logique de bloquer la rue ici et de la laisser accessible ailleurs, ou de changer le sens de circulation. Cependant, c’est aussi un cas très particulier, car nous sommes sur un chantier à étapes phasé..
C’est-à-dire que, pour réaliser les travaux sans interrompre la circulation des véhicules motorisés, il faut attaquer le chantier zone par zone. Des choix concernant le maintien de la circulation ou des déviations peuvent être faits pour simplifier l’accès et garantir la livraison des éléments nécessaires au chantier. Il peut aussi y avoir des zones de stockage qui évolueront.
Une chose est certaine : il faut malheureusement anticiper ce type de comportement, comme prévoir des séparateurs physiques ou des poteaux pour accompagner la mise en place de cette nouvelle ligne blanche, ainsi qu’un panneau indiquant « interdit sauf riverains », car de toute façon, cet accès est limité aux riverains.
J’ai également pu échanger avec un machiniste de la RATP qui m’a expliqué comment le service des bus était impacté par ces travaux. Il y a trois possibilités :
soit les travaux sont lourds et impliquent une déviation, dans ce cas un travail est effectué avec la RATP pour minimiser l’impact sur le trafic, notamment au niveau des arrêts, et les machinistes et passagers sont informés des modifications ;
soit il s’agit d’une gêne temporaire, comme un accident ou des travaux ponctuels, et le régulateur de trafic indique aux chauffeurs comment éviter ces zones ;
soit les travaux n’ont aucun impact sur la ligne, et aucune note n’est remontée, ce qui est le cas ici.
Dans ce cas, les machinistes doivent faire attention aux modifications et à la nouvelle signalisation. Malheureusement ici l’information n’a pas été correctement comprise, ce qui peut être accentué par le fait que, sur certaines lignes, les conducteurs sont remplacés en cours de trajet. Certains comprendront sans problème le nouveau marquage, tandis que d’autres rencontreront des difficultés. Heureusement, la régulation du trafic reste joignable et les conducteurs sont formés pour faire face à ces situations. Ce n’est pas non plus facile pour les chauffeurs, comme celui qui s’est vu couper la route par une autre voiture en franchissant une ligne blanche.
C’est quoi ces travaux ?
Et justement, quel est l’intérêt de ces travaux ? C’est l’occasion de parler de bonnes nouvelles !
Dans l’ensemble, le projet est vraiment intéressant. Il offre beaucoup d’espace pour les piétons et des aménagements sécurisés. Mais, il y a un mais… malheureusement, certains points noirs subsistent, et j’espère qu’il n’est pas trop tard pour les signaler !
Le premier point que j’observe, c’est au niveau de l’aménagement cyclable. Il fait tout le tour de la place en bidirectionnel, sauf d’un côté. De l’autre côté, on retrouve exactement la même situation, pourtant, ils ont mis en place une piste bidirectionnelle à l’intersection.
Ce choix pourrait s’expliquer pour éviter une traversée, mais le problème, c’est que ce virage n’est pas sécurisé. Cela peut aussi être expliqué par le fait que normalement, les cyclistes ne devraient pas passer en même temps que d’autres véhicules motorisés. Cependant, je pense qu’on devrait au maximum éviter ces bandes cyclables qui donnent une illusion de sécurité.
D’autres bandes sont encore présentes ici, avec une absence totale d’aménagements en raison de la zone de bus, ce qui continue malheureusement de créer des conflits. Par contre, je ne comprends pas du tout cet oubli.
Enfin, dernier point : ici, les automobilistes sont autorisés à entrer dans l’aménagement. Ce n’est pas idéal, surtout dans un projet qui se veut être un nouvel espace de vie accessible et agréable, tout en restant un lieu de passage. Le projet prévoit un grand espace piéton de plus de 3 000 m² autour de la fontaine aux Lions, que les piétons pourront enfin rejoindre grâce à des traversées sécurisées, ce qui reliera aussi les transports en commun. Même si une station se trouve sur la place, elle nécessite une traversée, mais déplacer cette sortie aurait engendré un coût énorme.
Les voies cyclables seront déplacées sur la chaussée, libérant ainsi les trottoirs pour les piétons. La circulation des bus sera facilitée par deux nouvelles voies dédiées, améliorant l’accès aux transports en commun.
Cette zone piétonne au sud de la place restera accessible aux livraisons, ce qui simplifiera le travail des livreurs qui, auparavant, n’avaient pas de zone dédiée et s’arrêtaient directement sur la place.
Les cyclistes bénéficieront d’une piste bidirectionnelle sécurisée, et les traversées pour piétons et cyclistes seront protégées par des feux. Le projet conserve les espaces pour les commerces et la vie associative, avec un kiosque citoyen déplacé au centre. Enfin, la place sera transformée en un espace rafraîchi grâce à la plantation d’au moins 40 arbres et 1 000 m² d’espaces verts, contribuant ainsi à lutter contre les îlots de chaleur. D’ailleurs, vous remarquerez que l’emplacement des arbres en surface suit le tracé du métro en sous-sol.
Ses travaux sont indispensables et souvent comme ici un mal temporaire pour un bien durable, et en tant que citoyens, nous devons rester attentifs, surtout pendant ces périodes. Il ne faut pas hésiter à signaler à la ville si la signalisation est mal comprise, afin d’éviter les situations conflictuelles et, dans le pire des cas, les accidents.
Il ne faut pas beaucoup de monde pour changer les choses : déplacer un plot ou installer un panneau à un endroit précis peut avoir un grand impact. C’est aussi pour cela que je partage ces vidéos, pour vous inspirer à agir dans des situations similaires. N’hésitez pas à rester actifs, pour contribuer à rendre l’espace public plus sûr et plus agréable. Ensemble, nous pouvons partager une route plus sûre !